L'expression anglaise conversation piece se traduit par un objet qui suscite des commentaires mais elle qualifie en histoire de l'art une peinture de genre, représentant un portrait de groupe rassemblé de façon informelle et très souvent dans un paysage. Cette exposition consiste en quatre installations dans des espaces différents où se développent et se révèlent conversations, objets et représentations de la nature.
Dans le jardin Hase n’ Hares (His and hers ou pour lui et pour elle) / Transats et fil de cuivre / 2017
Les lièvres ont été considérés androgynes et capables de se transformer entre masculin et féminin depuis l'Egypte ancienne et aussi dans le folklore européen jusqu'au 18ème siècle. Des éléments et motifs décoratifs tirés de la iconographie du lièvre sont représentés (reprisés) à l’endroit où se repose habituellement la tête sur deux transats préfabriquées. La possibilité de s’y asseoir ou de s’y allonger est simplement évoquée aussi bien que dans cet espace du jardin qui désigne un lieu de conversation, de détente et d’observation. Sous la pergola il y a un ressenti intentionnel de la fonction du jardin d’être à l’abri, dans un espace encadré et légèrement clôturé tout en étant dehors.
Hare before, Trouble behind… (ou Lièvre devant, ennuis derrière… dicton britannique 1875) / Hamacs et fil de cuivre / 2017 Sur chaque hamac, devant et derrière, figure un dessin en fil de cuivre d’un lièvre en mouvement : il fuit, court, saute, boxe. Inspirée d’une peinture de l’artiste allemand Ferdinand von Rayski (1806-1890) où figure un lièvre qui fait une culbute dans un paysage vertical et sous une lumière étrange et théâtrale, je mets en jeu l’échelle, la perspective, les premiers et arrières plans du dessin et du jardin. L’installation de ces hamacs/toiles ponctue les espaces du jardin comme des toiles de fond ou des bannières.
L’indiscret / acier peint / 2017 Un indiscret est un meuble où trois fauteuils sont assemblés en forme de trèfle. Comme le confident à deux places (qui évoque le fait qu’une conversation discrète entre deux personnes peut avoir lieu) l’indiscret suggère que la troisième personne est un intrus. Il permet, cependant, aux personnes de discuter sans avoir à se regarder, d’exclure ou d'inclure la troisième personne et de regarder vers l’extérieur. Il permet aux personnes d’adresser la parole au delà de l’espace et des confins circulaires que dessine le meuble. La sculpture en acier peint de couleur rouge vif qui reprend la forme et fonction de ce meuble. Vue de loin, un paysage avec son argument rouge est construit. La phrase ce qui surgit d’un indiscret doit être honoré apparaît découpée dans les bords du meuble et sur les 3 assises. Et on peut, cette fois, s’y asseoir et d’y se relever. Cette phrase est légèrement transformée, à quelques lettres près, mais considérablement dans son sens en référence à la phrase qu'on retrouve dans Emma de Jane Austen what arises from discretion must be honoured ou cequi surgit deladiscrétiondoitêtrehonoré.